lundi 31 octobre 2016

Les 971 demoiselles de la Légion d'honneur

C'est un palmarès enviable. J'entends, le taux de réussite au bac des demoiselles de la Légion d'honneur. Cette année, sur 122 candidates, 122 l'ont obtenu et 122 avec mention. 80 "très bien", 33 "bien" et 9 "assez bien".
Les maisons d'éducation accueillent de la sixième à la terminale mais aussi en post-bac, les filles, petites-filles et arrière-petites-filles de membres de la Légion d'honneur, des Médaillés militaires ainsi que de titulaires de l'ordre national du Mérite. Les classes sont également ouvertes aux filles et petites-filles de légionnaires étrangers. A la récente rentrée, on comptait 471 élèves à la maison d'éducation des Loges (collège situé dans les Yvelines), 427 à la maison d'éducation de Saint-Denis (lycée, Seine-Saint-Denis) et 73 étudiantes post-bac (BTS de commerce international, hypokhâgne et khâgne) également hébergées à Saint-Denis. Le grand chancelier de la Légion d'honneur est, en quelque sorte, le recteur de ces deux maisons d'éducation.

dimanche 30 octobre 2016

Six gendarmes blessés en Nouvelle-Calédonie

Cinq l'ont été par arme à feu, ce matin, près de la très sensible tribu de Saint-Louis, située sur la commune du Mont-Dore (sud de la Nouvelle-Calédonie). Les gendarmes intervenaient pour dégager des barrages qui empêchaient la circulation. Au cours de l'opération, des coups de feu ont été tirés et des projectiles lancés. Parmi ces six blessés, deux le sont plus sérieusement "mais leurs jours en sont pas en danger" a précisé le haut-commissariat à Nouméa. 
Ces faits sont survenus après la mort d'un jeune de 23 ans, samedi, lors d'un contrôle routier. William Decoiré, originaire de la tribu, a forcé un barrage sur la RT1, selon la relation faite par les autorités. "Cherchant manifestement à percuter un gendarme" a expliqué de son côté, le procureur de la République. "Le chef de patrouille a fait feu. Il aurait agi en état de légitime défense". Le conducteur, "délinquant multirécidiviste" touché au thorax décédait quelques heures plus tard. Une dizaine de personnes se trouvait à bord du véhicule. "Seule l'une d'entre elles aurait été interpellé" précise le quotidien Les Nouvelles Calédoniennes. Le procureur de la République a également expliqué que la victime, condamnée à 19 reprises, était recherchée pour de nombreux faits. W. Decoiré s'était ainsi évadé en juin 2015 de la prison du Camp-Est à Nouméa. Ne respectant pas une mesure de semi-liberté. En 2015, les gendarmes ont subi 62 agressions avec armes en Nouvelle-Calédonie.

samedi 29 octobre 2016

Décorations à titre posthume

Chevalier de l'ordre national du Mérite pour Christophe Royer, concession de la médaille militaire pour Dominique Jamet, Christophe Cavaillès et Lionel Loussalez-Artets. Ces quatre gendarmes ont été tués le 20 mai dernier, dans un accident d’hélicoptère, au-dessus de Cauterets (Hautes-Pyrénées). En juin dernier, ils avaient été promus  "à titre exceptionnel"  au grade de lieutenant-colonel pour le capitaine Christophe Royer, 49 ans, de chef d'escadron pour le major Dominique Jamet, 48 ans, et de capitaine pour les adjudants-chefs Christophe Cavaillès, 45 ans et Lionel Loussalez-Artets, 43 ans. 

vendredi 28 octobre 2016

Colonel Patrick Vallot

Décédé le 5 octobre dernier lors d'un vol d'entrainement sur ULM-Tetras, à Conakry (Guinée), le lieutenant-colonel Vallot (52 ans) vient d'être promu "à titre exceptionnel" au grade de colonel. Cet officier qui avait tout d'abord fréquenté l'école des mousses avant de devenir élève sous-officier sur la base aérienne de Nîmes-Courbessac puis d'intégrer l'école de l'air, totalisait 5500h de vol et 485 missions de guerre.

mardi 25 octobre 2016

La force aérienne belge a 70 ans

Le 24 octobre 1946, des pilotes belges des 349ème et 350ème escadrilles de la Royal Air Force étaient aux commandes de vingt-deux chasseurs Supermarine Spitfire Mk.XVI. Partis de la base de Fassberg en Allemagne, ils allaient poser leur appareil à Beauvechain (Brabant wallon) après avoir effectué une escale à Evere, près de Bruxelles. Neuf jours plus tôt, officiellement, la Force Aérienne belge voyait le jour en tant que force indépendante au sein des forces armées belges. Aujourd'hui, elle compte, notamment, 54 F16, 11 C130 et 30 hélicoptères (reconnaissance, assaut, sauvetage en mer).

lundi 24 octobre 2016

Crash d'un avion à Malte

Trois des cinq victimes relevaient du ministère de la défense. Entendez des services de renseignement. DRM ou DGSE ? L'avion, un Fairchild Metroliner loué à une compagnie luxembourgeoise, CAE aviation, effectuait "des missions de reconnaissance en Méditerranée pour le compte du ministère" a précisé Jean-Yves le Drian. En Libye ? Où, rappelons-le, trois officiers français de la DGSE ont trouvé la mort lors d'un accident d'hélicoptère, en juillet dernier, à Benghazi  "en service commandé" et dans une mission "de lutte contre le terrorisme". 

dimanche 23 octobre 2016

Recommandations aux candidats à l'élection présidentielle

Ce sont des officiers généraux qui ont récemment quitté le service actif. Ils ont créé G2S, www.gx2s.fr un cercle de réflexion afin "de donner leur vision des perspectives d’évolution souhaitables de la défense." Le général de corps d'armée Alain Bouquin en est le président. Le général de brigade Dominique Trinquand, le secrétaire général. G2S fournit, dans un dossier qu'il vient de publier, ses recommandations aux candidats à l’élection présidentielle. Ont également collaboré à cette adresse, le général d'armée Jean-Marie Faugère, les généraux de corps d'armée Jean-Paul Perruche, Philippe Renard, Claude Ascensi, de division Georges Lebel. Le général Trinquand, nous explique leurs attentes.


La défense est certainement le "parent pauvre" des campagnes présidentielles ?
En effet, de façon générale la défense fait consensus entre les candidats lors des élections présidentielles et donc le débat porte rarement sur le sujet. De plus, en 2017, même si les attentats et la situation internationale ont profondément marqués nos concitoyens, les inquiétudes se concentrent plus sur des sujets de société alors que la défense reste un pilier solide de l'Etat qui rassemble.

Dans le même temps, ce n’est pas le programme d’un candidat en la matière qui fera la décision ?
La situation particulièrement préoccupante de ces derniers mois fait que la défense attire plus l'attention, mais il n'y a pas vraiment de proposition "clivante" entre les candidats. Le débat devient très vite technique (2% ou plus du PIB) et les citoyens rentrent rarement dans ces aspects techniques.

Parce qu’il y a globalement un consensus ?
Oui, il y a consensus sur l'effort à fournir, mais ce consensus cache mal les différences sur la nature de l'effort et la progression attendue. L'image projetée de la nécessité d'augmenter l'effort empêche de rentrer dans le détail mais "le diable se cache dans les détails". C'est pourquoi le dossier établi par l'association du G2S tout en restant lisible rentre dans les détails.


Par exemple ?
Ainsi quasiment tous les candidats se rallient au chiffre de 2% du PIB consacré à la défense qui est le chiffre minimum d'engagement pris par les membres de l'OTAN. Or la France n'est pas un membre quelconque de l'OTAN, elle est également un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et un membre fondateur et moteur de l'Union européenne. A ce titre, ses devoirs en matière de défense se situent au-dessus des autres membres de l'OTAN (à l'exception des Etats Unis et du Royaume-Uni qui sont un peu dans la même situation à l'ONU). C'est pourquoi le G2S parle du "chiffre du devoir 3%, du chiffre du pouvoir 3% et du chiffre du vouloir 2% (hors pension)". Mais le dossier va au-delà, il rentre dans le détail dans des domaines sensibles comme l'autonomie stratégique, la défense européenne, la cohésion nationale, la protection des populations, la réserve, la dissuasion, l'équipement, les ressources humaines... tous ces sous dossiers étayent les chiffres cités plus haut au lieu de tenir pour acquis le consensus général qui se heurtera forcément aux réalités économiques qui éroderont la volonté politique sur le long terme. L'engagement des candidats ne doit pas être simplement un chiffre abstrait mais des dossiers concrets sur lesquels celui qui privilégie la défense de la France et donc de nos concitoyens doit s'engager.

Ce qui est important pour vous, c’est l’effort de défense qu’un « présidentiable » veut consentir ?
Oui, car le reste sera réglé une fois arrivé au pouvoir. C'est surtout la volonté maintenue au cours des années pour réaliser l'effort budgétaire qui est importante. Ce budget ne peut pas se satisfaire d'irrégularité, il doit être l'objet d'un effort constant pour permettre la mise à disposition des moyens à temps. La défense est une assurance vie pour l'Etat et trop souvent l'écart entre le discours et la réalité créent l'illusion d'une assurance qui en fait comprend trop de trous.

Vous attendez donc une remise à niveau de l’outil de défense…
Oui, cela est nécessaire non seulement à cause de la menace actuelle, mais aussi à cause de la dégradation subie depuis de nombreuses années. Celle-ci nécessite un effort dans le temps long et même si aujourd'hui le redressement doit être rapide, il prendra du temps.

Etes-vous les porte-parole de cette Grande Muette, soumise au devoir de réserve ?
Nous ne sommes pas des porte-parole. Toutefois les fonctions tenues par les membres de l'association alors qu'ils étaient en activité, permet à celle-ci de s'exprimer avec un degré de professionnalisme reconnu et une liberté qui n'est pas entravée par les contingences inhérentes à l'exercice actif des responsabilités.  

Qui pourriez-vous soutenir ?
Le candidat qui incarnera la volonté régalienne d'une défense de notre pays au service des citoyens. 

vendredi 21 octobre 2016

Légion d'honneur et médaille militaire pour les trois militaires tués en avril au Mali

Michael Chauwin, Mickaël Poo-Sing et Damien Noblet ont reçu la Légion d'honneur, à titre posthume. Ces trois militaires du 511ème Régiment du train d’Auxonne (Côte d’Or) ont été tués en avril dernier, lors de l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule, au nord du Mali (Tessalit). Ils avaient 20, 19 et 31 ans. La médaille militaire leur a, également, été concédée.

jeudi 20 octobre 2016

La garde nationale possède son secrétaire général

Il exerçait depuis juin dernier (voir post du 2/6) le commandement terre pour le territoire national (COM TV), le voici depuis hier, secrétaire général de la garde nationale. Le général de division Gaëtan Poncelin de Raucourt était auparavant le patron de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (2012-2015).

samedi 15 octobre 2016

Promotions à la gendarmerie

Pour cinq généraux de division "qui se voient conférer les rang et appellation de général de corps d'armée". Il s'agit de Jacques Hébrard (commandant de la région Nord – Pas-de-Calais), de Jean-Marc Loubès (chef adjoint de l’inspection générale), de Simon-Pierre Baradel (commandant des écoles), de Thibault Morterol  (nommé commandant de la région  Lorraine) et de François Gieré (commandant de la région Aquitaine). Ces deux derniers avaient été promus divisionnaire, le 1er août 2015
Pour sa part, le général de brigade Guy Cazenave-Lacroutz prend sa troisième étoile.

mercredi 12 octobre 2016

Qui est notre ambassadeur en Croatie ?

- Philippe Meunier ! répond la voix avertie.
- Vous êtes sûr que ce n'est pas le trimestre de Corinne ?
Ce dialogue jusqu'ici inhabituel au Quai d'Orsay sera certainement entendu à Zagreb ou à Paris. En effet deux diplomates, M. et Mme Meunier viennent d'être nommés en Croatie. Chacun devant exercer à tour de rôle la fonction d'ambassadeur. Cette expérimentation vise à concilier vie privée et vie professionnelle. Question complexe dans ce service extérieur de l'Etat. D'autres pays européens, comme la Suisse, les Pays-Bas notamment, appliquent déjà ce dédoublement de poste.

mardi 11 octobre 2016

La Légion possède sa page officielle sur Facebook

C'est une opération de communication plutôt bien menée. Avec une utilisation habile de l'image de l'institution ou de ses représentations. En quelque sorte, un détournement pro domo des classiques.



Depuis 18h, hier soir, la Légion a officiellement débarqué sur le réseau social Facebook 
fb.com/LegionetrangereOfficiel
où sont référencés depuis longtemps pages régimentaires, d'associations ou d'anciens. 



Comme visuels et messages ont de la "tenue", ils désamorcent quasiment la question de l'arrivée tardive sur Facebook de cette page officielle. "Notre pas est lent ; 88 pas par minute" répond avec le sourire, l'officier communication.

lundi 10 octobre 2016

Mgr Zenari, nonce apostolique à Damas, créé cardinal

 
@ Radio-Vatican

Le pape François l'a annoncé hier, à l'issue de la messe du jubilé marial, place Saint-Pierre à Rome. 17 cardinaux seront créés. Un consistoire se déroulera à cette fin, le 19 novembre. Le premier nom cité par le souverain pontife est symbolique. il s'agit de Mgr Mario Zenari, nonce apostolique à Damas dans la Syrie "aimée et martyrisée." En annonçant que Mgr Zenari serait créé cardinal, c'est évidemment un message que le Pape a voulu adresser aux chrétiens de Syrie et du Levant. "Je suis bouleversé" a commenté au micro de Radio-Vatican, Mgr Zenari "mais c'est un signal fort pour les gens, pour les enfants qui souffrent..."

dimanche 9 octobre 2016

DPSD et DRSD (actualisé)

La DPSD n'existe plus. Place à la DRSD ! C'est un décret publié, ce matin, au Journal officiel qui nous apprend que la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) remplace la DPSD. Acronyme qu'il faudra bien se mettre en bouche avant de le prononcer... La DPSD était officiellement un service de renseignement depuis 2007.
Il s'agit certainement, ainsi,  d'afficher plus lisiblement la dimension service de renseignement ; de faire franchir une étape : de la sécurité à la contre-ingérence.

vendredi 7 octobre 2016

Après la radiation du général Piquemal



Le général Piquemal a été informé par courrier recommandé, il y a trois semaines, de la décision de Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la défense l’a radié des cadres de l’armée, après avoir recueilli l’avis du Conseil supérieur de l’armée de terre. Un décret, non publié au Journal officiel, a été pris en ce sens. Le 6 février dernier, le général de corps d’armée Christian Piquemal (2 S) avait participé, à Calais, à une manifestation interdite (contre la politique migratoire). La justice l’avait relaxé le 26 mai dernier. Cet ancien commandant de la Légion étrangère (1995-1999) ne peut plus donc faire état de son grade d’officier général. Et il est « basculé » de deuxième section, en retraite. Sur le plan pécuniaire, cette décision ne change rien. La solde de réserve devenant pension de retraite.
Cette décision a entrainé plusieurs réactions dans les rangs des officiers supérieurs et officiers généraux. L’un dit : « La façon de lui signifier la sanction manquait d’élégance. Pourquoi ne pas le recevoir et la lui signifier les yeux dans les yeux ? »
Un autre : « Piquemal, c’est Don Quichotte. Il est maladroit. Mais c’est tout ! »
Un troisième : « Il y a désormais des officiers généraux en deuxième section qui vont ressentir de la défiance. » Et de s’interroger « Sommes-nous des factieux ? »
Un quatrième veut y voir « un règlement de compte politique. »…
Christian Piquemal aurait l’intention de saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Plusieurs soutiens se sont déjà manifestés. Il devra toutefois être très vigilant dans sa communication afin de ne pas apparaître, alors que la campagne pour les élections présidentielles a démarré depuis bien longtemps, comme l’otage d’un clan. Sauf à se lancer lui-même dans une nouvelle carrière.

jeudi 6 octobre 2016

Afrique : "Nous sommes passés d’une coopération militaire de substitution à une coopération de conseil" pour Aline Leboeuf, chercheur à l’IFRI


La coopération militaire est un sujet rarement traité. Il l'est actuellement à l'amphithéâtre Foch de l'école militaire à Paris, à l'occasion d'un colloque sur "Les nouveaux visages des armées africaines", organisé par l'IRSEM (1). C'est Aline Leboeuf qui l'a abordé. Chercheur à l’Institut français des relations internationales, au sein du Laboratoire de recherche sur la défense, elle a travaillé sur les réformes du secteur de sécurité notamment en Sierra Leone (sujet de sa thèse) et en Côte d'Ivoire mais également sur la politique africaine de la France. Elle rédige actuellement une étude sur la coopération avec les armées africaines  (publication attendue en décembre 2016). Hier, elle a donc présenté une partie de ses recherches sur les coopérants militaires français et britanniques et la fatigue que certains expriment face aux difficultés de leur mission.
 

Fatigué de n'avoir aucune influence ?
Ou plutôt de n’avoir pas assez d’influence. En effet, si on étudie les effets de la coopération militaire en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire ou dans d’autres pays francophones, on se rend compte que les coopérants "laissent une marque", mais pas toujours celle qu’ils anticipaient. Certains textes rédigés par des coopérants britanniques et français sont adoptés comme leurs par leurs partenaires africaines qui les revendiquent fièrement : "c’est à nous parce que nous l’avons emprunté" comme disent les Sierra-Léonais. Mais d’autres sont vite oubliés. Au niveau opérationnel, les forces spéciales ivoiriennes ont pu intervenir efficacement, et seules, lors de l’attentat terroriste de Grand-Bassam notamment parce qu’elles avaient été formées par la coopération internationale en vue d’un tel scénario. Mais au Burkina et au Mali, cela n’a pas été le cas. 

Le conseiller militaire serait donc un "homme désarmé" ?
Pas complètement, mais c’est souvent son ressenti. Pourquoi la mayonnaise prend ou pas ? Je crois que cela dépend beaucoup des Africains, qui choisissent ce qui leur convient et rejettent le reste. Un coopérant m’a expliqué son dilemme qui est celui de nombre de ses collègues : le général qu’il conseille lui donne une mission. Il la réalise mais se rend compte que l’état-major du général refuse ce projet. Comment faire ? S’il obéit au général et passe outre, sa mission sera un échec. Mais comment convaincre l’état-major qui devrait, en théorie, obéir à la vision du général ? Il existe ainsi de nombreux dilemmes qui pourraient être conceptualisés et étudiés dans le cadre d’un retour sur expérience pour offrir aux coopérants de "nouvelles armes" pour influencer. Pour l’instant, cela n’est pas suffisamment institutionnalisé et mûri.

Ce qui génère beaucoup de frustration...
Oui, beaucoup de coopérants (pas tous) expriment cette frustration. Par exemple, l’un d’eux m’a dit : "Si on ne se déconnecte pas, on peut virer très mal. Ce n’est pas notre armée, pas notre pays. Il faut l’accepter." Certains coopérants (pas tous) arrivent avec une vision un peu normative de leur mission et de ce qu’ils doivent réaliser et ils se rendent compte rapidement qu’il leur faudra faire preuve de beaucoup d’humilité et de capacité d’adaptation pour mener à bien au moins une partie de cette mission. 

Des coopérants militaires qui sont de moins en moins nombreux ?
Dans le cas français oui. En Côte d’Ivoire, ayant tous des fonctions de substitution, ils ne sont plus, aujourd'hui, qu’une dizaine de conseillers, ce qui reste pourtant un nombre important au regard des faibles effectifs globaux de la coopération militaire divisés par deux  depuis les années 90 (327 fin 2013). Les effectifs déployés par le Royaume-Uni en Sierra Leone étaient très importants (une centaine d’hommes) à partir de 2000, puis en diminution jusque 2013 (date où l’IMATT, international military advisory training team devient ISAT, international security advisory team). Ces faibles effectifs français sont vus par certains coopérants comme une explication de leur marge de manœuvre réduite. Mais ils insistent surtout sur le passage d’une coopération de substitution (l’officier français remplace un officier africain) à une coopération de conseil ou d’appropriation (l’officier français ne prend pas de décision, mais conseille). Cette transition date des années 1990.

Sens de l'histoire ou mesures budgétaires ?
L’époque où la France avait des coopérants en substitution dans tous les ministères de Djibouti ou de Côte d’Ivoire est définitivement terminée. Cela est devenu inconcevable aujourd’hui pour des raisons idéologiques (refus de l’impérialisme ou du néocolonialisme, volonté d’en finir encore une fois avec la Françafrique) tout à fait légitimes. Vous avez raison de rappeler que cela s’explique aussi par des questions budgétaires. Mais les raisons sont aussi pragmatiques : l’exemple britannique en Sierra Leone et certains exemples de substitution par des coopérants français montrent que cela ne fonctionne pas forcément mieux que le conseil et que les frustrations sont souvent identiques. Mais il faut aussi prendre en cause une raison moins transparente et peut-être moins légitime : les guerres bureaucratiques qui ont parfois sacrifié la coopération au nom d’autres priorités institutionnelles et pas forcément stratégiques.

Quel est le profil type d'un conseiller militaire ?
Je ne pense pas qu’il y en ait un aujourd’hui. Les Britanniques ont aussi utilisé des civils pour conseiller le ministère de la défense et les services de renseignements sierra-léonais, donc un conseiller "militaire" n’est pas forcément un militaire. Aujourd’hui ce n’est pas forcément un « troupes de marine » puisque toutes les composantes de l’armée de terre peuvent contribuer à la coopération militaire notamment opérationnelle mais aussi structurelle, au moins en théorie. Ce n’est même pas forcément un terrien, puisque la France a aussi une coopération maritime et aérienne et que la DCSD (2) est interarmées et interservices. Cet éclatement des profils entraîne aussi, malheureusement, une dilution des savoirs et rappelle qu’il est essentiel de renforcer la sélection et la formation des coopérants. S’il existe un profil idéal, il exige de nombreuses qualités : courage, patience, prudence, curiosité, ouverture, humilité et ténacité.

Cette interview a été publiée simultanément sur le blog Ultima ratio 
http://ultimaratio-blog.org/

(1)   L’Institut de recherche de stratégique de l'École militaire
(2)   Direction de la coopération de sécurité et de défense.


mercredi 5 octobre 2016

Légion étrangère, trois lieutenants-colonels promus

Il s'agit de Rémi Bariéty qui commande le Détachement de Légion étrangère de Mayotte, Nicolas Dufour qui dirige le 4ème Régiment étranger (Castelnaudary, Aude) et de Guillaume de Sercey, chef de corps du 2ème Régiment étranger de génie (Saint-Christol, Vaucluse). Ces trois nouveaux colonels sont à la tête de leur régiment depuis l'été 2015.

mardi 4 octobre 2016

La jolie gendarme

L'article de L'Est Républicain, publié hier, a pour titre : "Nancy : maman, chauffeur...et gendarme." Et pour sous-titre : "Estelle P. est une jolie jeune femme qui voit la vie en bleu." Mes confrères aiment bien qualifier les jeunes femmes. Mais ils ne le font généralement pas lorsqu'il s'agit d'un homme. Imaginez le lecteur : "Antoine P. est un joli garçon qui voit la vie en bleu"...

dimanche 2 octobre 2016

Volker le légionnaire


Il y a toujours forcément un début ! Là, ce fut un courriel. Il me parlait de son livre publié en 2013. Je lui en demandais un exemplaire. 
Il s’appelle Volker Lordick. En 1959, le gamin « bien élevé » s’engagea à la Légion. Rejoignant, pour cela, Strasbourg en Vespa. « J’étais comme en transe » raconte-t-il. Se succédèrent pendant cinq ans d’autres villes : Marseille, Puyloubier et plus exotiques, Saïda, Ksar el Hirane, le Sahara, Reggane, Béni-Abbès. La Légion épousait les soubresauts de l’histoire de l’après Seconde Guerre mondiale. Volker n’a pas vécu l’Indochine mais donc l’Algérie. Précisément, les derniers épisodes. Volker l’Allemand a du recul et il écrit bien. Sur 150 pages, « le jeune homme de bonne famille » raconte son parcours jusqu’au grade de sergent. Et son unique contrat. Parcours de formation qui conduit de la fin de l’adolescence à l’âge adulte. Le livre s’appelle « Légionnaire en Algérie » (éditions Epée, Kehl, Allemagne, traduit). Les livres d’anciens ne sont pas toujours de bonne facture. Le sien l’est !