Michel Sleiman (Crédit : MAE, Beyrouth)
La tradition française veut que le président de la République,
en voyage à l’étranger, ne parle pas (ou très rarement) de politique
intérieure.
Le président libanais, en visite en Amérique du Sud, a
choisi l’option inverse. Pour « mettre les points sur les i »,
précise un commentateur beyrouthin. L’histoire libanaise ne s’est pas édifiée
autour de la paix et de la sérénité que pourrait renvoyer l’image du pays des Cèdres,
longtemps, pourtant appelé la Suisse du Moyen-Orient. L’existence du pays est
conditionnée par un compromis permanent, excessivement difficile à obtenir. Et
des alliances souvent contre-nature. La géographie (Israel, Syrie) est
également lourde de menaces. A Montevideo, Michel Sleiman (chrétien) a donc raconté
que récemment un député libanais et ancien ministre, Michel Samaha, a rapporté
de Syrie des engins explosifs. Une anecdote parmi mille autres, pour camper le
climat. Inutile de protester diplomatiquement, Bachar-el-Assad ne fournira
aucune explication. Mais le président libanais s’est surtout prononcé, au cours
de son intervention, pour le désarmement des milices (salafistes, chiites)
visant en premier lieu le Hezbollah. Ainsi, en « cas d’agression israélienne au
Liban », la réaction du mouvement serait assujettie « à une requête du pouvoir
politique ». Le « Parti de Dieu », connu pour sa culture du
secret, n’a pas réagi. Une lumière difficile à dissimuler tombe sur ses engagements
aux côtés du régime syrien. Difficile, en effet, de camoufler le retour des
dépouilles des miliciens tués en Syrie. L’engagement du Hezbollah auprès des
troupes de M. Assad était connu. Il est définitivement confirmé. Ce
qui a pour effet de compliquer (un mot essentiel du vocabulaire politique
libanais) la tâche du Premier ministre M. Mikati qui prône la neutralité. Le
Hezbollah vient de connaître une avanie sérieuse avec l’explosion dans la
Bekaa d’un entrepôt de missiles et autres armements de guerre. Une information en dit long sur l’Etat dans l’Etat (qui
n’est évidemment plus à démontrer) qu’est le Hezbollah. Les enquêteurs
officiels n’ont été admis sur les lieux qu’une fois l’enquête interne close.
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