samedi 15 septembre 2012

Les 70 ans de Normandie-Niemen

Une cérémonie a eu lieu hier à Mont-de-Marsan (Landes), pour marquer les soixante dix ans de la création du régiment de chasse Normandie-Niemen, l'une des dix sept unités de l'armée française titulaire de la Croix de la Libération. Voici son histoire.
Lors de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne en juin 1941, le général de Gaulle envisage d'envoyer des soldats français combattre sur le front de l'est. Quinze mois plus tard, en septembre 1942, une troisième unité de chasse des Forces aériennes françaises libres (après la formation un an plus tôt des groupes Alsace et Ile-de-France) voit le jour : le groupe de chasse n° 3 Normandie. Constitué à Damas, sous les ordres des commandants Pouliquen et Tulasne, le groupe est rapidement informé qu'il a été choisi pour marquer la présence de la France auprès des Soviétiques et aller combattre sur le Front de l'Est. En novembre, les premiers pilotes et mécaniciens partent du Liban. La première base se trouve à Ivanovo, à 250 kilomètres au nord-est de Moscou. Là, les Français vont percevoir des avions russes et s'entraîner sur Yak 7 biplace et Yak 1 monoplace. Le choix, laissé à l'appréciation du commandement français, se porte sur le Yak 1.


Polotniane Zavod, premier terrain de guerre du "Normandie" (crédit : Ordre de la Libération)

Les conditions climatiques sont rudes, les températures variant entre -25° et -30°. L'entraînement des cinquante huit Français, pilotes et mécaniciens, se prolonge jusqu'au mois de mars 1943. Le 22, l'unité s'envole avec ses quatorze Yak pour s'installer à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Moscou, sur la base de Polotniane Zavod. Le dégel rend les décollages et les atterrissages très périlleux, d'autant plus que les pistes ne sont, le plus souvent, que de simples champs ; il faut trois hommes sous chaque aile pour rouler les avions sur la piste. Le front est à 50 km.
L'aviation opère très près des premières lignes, pour une plus grande efficacité, en l'absence de tout moyen de contrôle radioélectrique. Les premiers succès des pilotes français chargés d'escorter les bombardiers russes ne tardent pas. Le 5 avril, Préciozi et Durand abattent chacun un Focke Wulfe 190. Le 13 avril, trois nouvelles victoires s'ajoutent au tableau de chasse de l'unité. Les missions se succèdent avec plusieurs nouvelles victoires mais également plusieurs pertes parmi les pilotes du Normandie.


Les Yak  du "Normandie" (crédit : Ordre de la Libération)

Courant juillet 1943, l'escadrille entre vraiment dans le feu de l'action, avec la terrible bataille de Koursk. Les missions se suivent sans interruption. Du 13 au 17, le Normandie exécute 112 sorties et abat 17 appareils allemands. Ces victoires sont chèrement acquises au prix de la perte de six pilotes dont le commandant Tulasne, porté disparu le 17 juillet près d'Orel.
Le commandant Pouyade prend alors le commandement. Début août, les mécaniciens français sont remplacés par des russes alors que des Yak 9 prennent la place des Yak 1. Le front bouge vers l'ouest. Le 22 août, c'est la bataille pour Smolensk. Surprenant trois pelotons de Stukas escortés d'une douzaine de Focke-Wulf 190, le groupe de chasse abat cinq avions en quelques secondes, sans enregistrer la moindre perte.
Le 1er septembre 1943, le groupe totalise 42 victoires homologuées. Le 22 septembre, en dix-sept sorties, les pilotes français abattent neuf appareils ennemis, dont deux pour le seul Joseph Risso . Au moment de prendre ses quartiers d'hiver à Toula, au sud de Moscou, en novembre 1943, le Normandie enregistre déjà 72 victoires. Au repos, il reçoit des renforts qui sont encadrés principalement par Marcel Albert et Marcel Lefèvre. Le 7 février 1944, le groupe devient, appellation inédite en France, le Régiment Normandie. Il est formé de trois escadrilles (Rouen, Le Havre et Cherbourg) commandées respectivement par les lieutenants Albert, Mourier et Lefèvre.

                        
                                 En témoignage de leur brillante conduite, les autorités soviétiques ont fait don
                                 aux pilotes survivants du Normandie-Niemen, de 40 Yak,  
                            ramenés par chacun d'eux au Bourget en juin 1945 (crédit : Ordre de la Libération)

Après une accalmie, début 1944, l'offensive reprend en juin. En moins de trois semaines, les troupes soviétiques s'enfoncent de plus de 200 kilomètres vers l'ouest. Et c'est le passage du fleuve Niemen. Les combats sont terribles. Le comportement exemplaire du Régiment lui vaut de recevoir, le 21 juillet 1944, de Staline le nom de Niemen.
Normandie-Niemen participe, avant l'hiver, aux combats en Prusse orientale. Le 12 décembre 1944, le commandant Delfino en prend le commandement, quelques jours après que le général de Gaulle, en déplacement à Moscou, eût remis la Croix de la Libération au Régiment. Les combats reprennent pour une troisième et dernière campagne en Prusse orientale et en Pologne. Un mois après la capitulation allemande (9 mai 45 en URSS), en récompense du comportement exemplaire des pilotes français, Staline fait don aux survivants de leurs avions Yak 3. Ceux-ci se posent le 20 juin au Bourget, devant une foule énorme venue les accueillir en héros.
Le Normandie-Niemen, grâce au sacrifice de presque la moitié de ses pilotes, 42 tués sur 97, devient la première formation de chasse française avec 273 victoires homologuées et 37 probables (auxquelles s'ajoutent bon nombre de véhicules détruits), obtenues au cours de        5 240 missions et 869 combats. Il a compté dans ses rangs 21 compagnons de la Libération.
Le 3 juillet 2009, le Normandie-Niemen, souvent surnommé le Neu-Neu, est mis en sommeil. Pour être réactivé à Mont-de Marsan (base 118), le 25 juin 2012. L'escadron est, aujourd'hui, équipé de Rafale.


 Les Compagnons de la Libération du Régiment de chasse Normandie-Niemen
(à droite la date d'attribution de la Croix de la Libération)
Marcel, Olivier
11-04-1944
Didier
08-11-1944
Adrien, Félix
11-10-1943
Noël, Michel
23-06-1941
Albert
11-04-1944
Constantin
28-05-1945
Jules, Paul, Marie, Joseph
28-05-1945
Marcel
11-04-1944
Albert
23-06-1941
Yves, Alexandre, Eugène
20-01-1946
Jacques
20-11-1944
Yves, Marie, François
16-10-1945
André, Rémy
17-11-1945
Joseph, Marie, Guillaume
16-10-1945
Pierre, Aymé
10-12-1943
Roland
29-12-1944
Jean
11-04-1944
Joseph, Michel
29-12-1944
Jean
11-10-1943
Jean, Louis
11-10-1943
Firmin, Jean, Jacques
11-10-1943

Roland de La Poype est le seul Compagnon du régiment encore en vie.

Remerciements à Vladimir Trouplin, musée de la Libération.


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