lundi 30 janvier 2012

Interview télévisée de Nicolas Sarkozy. La prestation des intervieweurs

Jusqu'à aujourd'hui, rarement les journalistes s'étaient bien tirés de l'exercice. Trop nombreux, jugés souvent trop déférents, manquant de pugnacité. Hier soir, le duo qui a mené l'entretien de bout en bout, a plutôt réussi sa prestation. Relançant quand il le fallait, n'hésitant à couper le président de la République quand cela semblait nécessaire. Ainsi, Laurent Delahousse (France 2) a rempli son contrat. Il est vrai qu'il maîtrise l'exercice de l'interview qui est l'une des techniques les plus complexes de l'audiovisuel. 
Ne vous est-il pas arrivé en écoutant une interview à la radio ou à la télévision, de constater que le journaliste cherchait à se mettre en valeur au détriment de l'invité ? Par exemple en le coupant systématiquement. Que retient-on de ses réponses, une fois l'interview terminée ? Doit-on interrompre ou pas l'invité ? Si oui, comment le faire ? Voilà les questions que se pose généralement le journaliste en direct. Et tout se joue à la volée, au millimètre. Face à une longue réponse, l'intervieweur tentera de reprendre la main lors d'une respiration de son interlocuteur. Il dispose alors de moins d'une seconde pour s'engouffrer dans la respiration. L'un des avantages recherché est d'éviter les "tunnels" et accesssoirement, au journaliste de jouer les utilités. Il doit en outre savoir écouter et conserver intacte sa curiosité.
Claire Chazal (TF1) qui ne passe pas généralement pour une grande interwieuse, a réussi, elle aussi, sa prestation même si, dans la première partie de l'émission, L. Delahousse semblait s'assurer le leadership. Ce qui a agacé la présentatrice de TF1. Il eût été intéressant d'assister, après 22h, au debriefing.
Claire Chazal a donc bien joué son rôle. Rôle bien sûr parce cet exercice, l'interview du chef de l'Etat est aussi une pièce de théâtre.