mardi 31 janvier 2012

Moi, Mathieu Kassovitz


L’ordre et la morale a été un échec commercial. L’infaillible Mathieu Kassovitz est outré que son film n’ait été retenu que dans une seule catégorie « meilleure adaptation », dans la sélection des Césars. Et dans une morale toute personnelle, il s’est adressé via son compte Tweeter, aux professionnels du cinéma français qui ont établi les listes des nominés :
-          J'encule le cinéma français. Allez-vous faire baiser avec vos films de merde.      Suivi d’un :
-          Vous ne m'aimez pas, je ne vous aime pas non plus (...) Narcissique et prétentieux. Je le suis. Je l'affirme. Je vous emmerde. Bonne journée. Seul contre 4.199 membres de l'Académie des arts et techniques du cinéma, notre Mathieu ! Peut-être eût-il pu nous faire rire ou sourire ? Mettre de l’Audiard dans sa colère. Imaginons un :
-          Je pense que le jour où on mettra les cons sur orbite, ils n’ont pas fini de tourner Adaptation libre du "Pacha" (1968, film de Georges Lautner). Ou irrévérencieusement deuxième degré :
-          C’est le sort des familles désunies de se rencontrer uniquement aux enterrements ! ("Les barbouzes", 1964, Georges Lautner).
Mais le petit bonhomme, qui peut être sur la pellicule un très bel acteur (Amen), ne s’est pas arrêté là.
-          Je vois que cette histoire vous tracasse. Je tenais à m'excuser et à préciser. J'encule le cinéma français oui... Mais pas tous. Et d’établir un palmarès qui n’intéresse personne.
Parmi les centaines de réactions -de soutien ou de critique-  celle, très politique (ne disait-on pas en mai 68 que Tout est politique ?) du quotidien algérien L’expression, qui voit là matière à complot : Les pro-colonialistes des Césars écartent Mathieu Kassovitz. Diable ! Le papier commence par cette question : Les membres de l'académie des Césars sont-ils pro-colonialistes ? Et de répondre que ladite académie roulait pour Sarkozy...
Oui, pas très rigolotes ces ruades. En 2011, les spectateurs ont fourni une réponse incontestable. Ils ont besoin d'humour, de dérision voire d'auto-dérision, de recul. Pour cela, ils ont plébiscité Intouchables. Pas L'ordre et la morale. Soyez bon joueur M. Kassovitz !



lundi 30 janvier 2012

Interview télévisée de Nicolas Sarkozy. La prestation des intervieweurs

Jusqu'à aujourd'hui, rarement les journalistes s'étaient bien tirés de l'exercice. Trop nombreux, jugés souvent trop déférents, manquant de pugnacité. Hier soir, le duo qui a mené l'entretien de bout en bout, a plutôt réussi sa prestation. Relançant quand il le fallait, n'hésitant à couper le président de la République quand cela semblait nécessaire. Ainsi, Laurent Delahousse (France 2) a rempli son contrat. Il est vrai qu'il maîtrise l'exercice de l'interview qui est l'une des techniques les plus complexes de l'audiovisuel. 
Ne vous est-il pas arrivé en écoutant une interview à la radio ou à la télévision, de constater que le journaliste cherchait à se mettre en valeur au détriment de l'invité ? Par exemple en le coupant systématiquement. Que retient-on de ses réponses, une fois l'interview terminée ? Doit-on interrompre ou pas l'invité ? Si oui, comment le faire ? Voilà les questions que se pose généralement le journaliste en direct. Et tout se joue à la volée, au millimètre. Face à une longue réponse, l'intervieweur tentera de reprendre la main lors d'une respiration de son interlocuteur. Il dispose alors de moins d'une seconde pour s'engouffrer dans la respiration. L'un des avantages recherché est d'éviter les "tunnels" et accesssoirement, au journaliste de jouer les utilités. Il doit en outre savoir écouter et conserver intacte sa curiosité.
Claire Chazal (TF1) qui ne passe pas généralement pour une grande interwieuse, a réussi, elle aussi, sa prestation même si, dans la première partie de l'émission, L. Delahousse semblait s'assurer le leadership. Ce qui a agacé la présentatrice de TF1. Il eût été intéressant d'assister, après 22h, au debriefing.
Claire Chazal a donc bien joué son rôle. Rôle bien sûr parce cet exercice, l'interview du chef de l'Etat est aussi une pièce de théâtre.

dimanche 29 janvier 2012

Syrie, meurtres et kidnappings (actualisé)


La pression internationale ne fait fléchir ni Damas, ni Moscou. La Russie va rejeter devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le projet de résolution déposé par les pays de l'UE et plusieurs capitales arabes. 

Sur le terrain, la mort rôde de plus en plus et la Syrie poursuit son délitement. Vendredi 56 personnes auraient été tuées. On avance, pour ce samedi, le chiffre de 102 morts par les forces de Bachar el-Assad, qui n'hésitent pas utiliser des armes lourdes. Alors que les combats se rapprochent de Damas, ces troupes ont lancé des offensives à Hama, Douma et Homs. Dans cette dernière ville, où les affrontements entre communautés, alaouite et sunnite, font rage (une famille sunnite de quatorze personnes vient d'y être exécutéedont cinq enfants) un phénomène est apparu :  le kidnapping. Homs deviendrait un marché aux otages ; les deux communautés multipliant les enlèvements, qui dans le "meilleur" des cas, auraient une vocation lucrative. Des témoins parlent ainsi d'une jeune femme, enlevée parce qu’elle ne portait pas le voile (donc jugée alaouite par ses ravisseurs) qui aurait été échangée contre cinq hommes. 

samedi 28 janvier 2012

70ème anniversaire de Bir-Hakeim


D'ores et déjà un certain nombre de manifestations sont prévues pour commémorer l'anniversaire d'une bataille qui se déroula du 26 mai au 11 juin 1942 ; pendant ces seize jours, la 1ère brigade française libre de Koenig résista aux troupes allemandes et italiennes dans le désert libyen. Ce qui constitua pour le général de Gaulle, une "immense victoire d'opinion".
- Une cérémonie nationale se déroulera le 27 ou le 28 mai 2012, aux Invalides à Paris.
- La station de métro "Bir-Hakeim" sera aménagée.
- Un site Internet sera également crée. Maître d'oeuvre : la Fondation de la France Libre.
- L'ONAC organisera, de son côté, une exposition dans cent départements.
Un projet de voyage à Bir-Hakeim est également à l'étude. Mais il reste soumis aux incertitudes politiques en Libye.

Bir-Hakeim, l'esprit de Verdun


Deux ans, jour pour jour après les désastres de mai et juin 1940, une unité française, la 1ère brigade française libre, affronte pour la première fois les Allemands. Jusque là, ils n'ont été engagés que contre les Italiens en Syrie, contre des Français fidèles au gouvernement dit de Vichy. Ils sont 3700, Français (et légionnaires étrangers) venus de partout, dans ce désert, à Bir-Hakeim. Ils sont commandés par le "vieux lapin", surnom de Koenig.
Pierre Messmer qui commande une des compagnies de Légion étrangère (13ème DBLE) témoigne : Dans le dur calcaire gris ou jaunâtre, chaque unité creuse des emplacements pour les armes et leurs servants, des abris pour les véhicules et pour les PC (...). Bientôt, les trous individuels, d'abord couverts d'une simple toile de tente, sont coffrés de murs et quelquefois de toits dont les éléments sont des touques de quatre gallons en fer blanc, dans lesquelles est distribué l'essence (...). Les touques remplies de sable, servent de gros parpaings pour nos constructions. L'espace désolé de Bir-Hakeim est parsemé de blocs aux formes variés (...) paysage lunaire où campe une troupe de nomades (cité par Jean-Louis Crémieux-Brilhac, "La France Libre", Gallimard, 1996).
Ces hommes ne disposent ni de chars, ni d'artillerie lourde. Le 26 mai 1942, les Italiens mènent l'attaque. les Allemands suivent. Le siège dure du 2 au 10 juin.
Jean Tranape, engagé volontaire en Nouvelle-Calédonie raconte : Chaque jour, nous sommes bombardés par l'aviation (de Rommel). Imaginez-vous un seul instant cet enfer ? Nous nous battons à un contre dix. Nous sommes encerclés, on s'y attendait...mais le moral reste excellent. (in "Les Compagnons de la Libération", H Weill, Privat, 2006). La Luftwaffe mènera mille trois cents attaques. Les positions françaises tiennent ; les hommes sont exténués. Koenig écrit : Une tente enterrée sous laquelle reposent une vingtaine de blessés reçoit une bombe (...) qui tue les occupants. A un moment donné, un chirurgien opère couché (JL Crémieux-Brilhac, op. cit).
Le 9 juin, l'eau commence à manquer. Le commandement britannique avertit Koenig que la défense de Bir-Hakeim n'est plus essentielle. Celui-ci choisit une sortie dans la nuit du 10 au 11 juin, à 23h30. Elle se fait sur un passage de 200 m de large. Les Allemands lancent des fusées éclairantes. Il faut zigzaguer. Mais c'est un succès. Deux mille cinq cents hommes sont récupérés par la colonne de secours. Bilan (durant la bataille et lors de la sortie) : cinq cents morts, quatre cent cinquante à cinq cents prisonniers survivants et cinq cents blessés graves. 
Bir-Hakeim a retardé l'offensive de l'Africa Korps sur Tobrouk. Le quotidien britannique Daily mail estimera dans son édition du10 juin 1942 (dernier jour du siège) que Bir Hakeim prouve que l'esprit de Verdun est toujours vivant !

jeudi 26 janvier 2012

Légion étrangère. Décès du général Lardry

Ancien commandant de la Légion, le général d'armée (2S) Paul Lardry vient de mourir à l'âge de 83 ans à Toulon. A sa sortie de Saint-Cyr, il intégre le 27ème bataillon de chasseurs alpins puis rejoint la Légion (1951). Il se bat en Indochine avec la 13ème DBLE, qu'il commandera en 1974. Il sert ensuite en Algérie (avec la 2ème compagnie portée de la LE), puis à Aubagne au 1er régiment étranger (RE). Lorsqu'il retrouve les Bouches-du-Rhône, c'est donc pour y commander la Légion (1980-82). Dans sa dernière partie de carrière, il commande les Forces armées du sud de l'océan indien puis la Force d'action rapide (FAR).
Grand croix de la Légion d'honneur, il avait été blessé à deux reprises.
Ses obsèques se dérouleront samedi à 10h15 à Hyères.

mercredi 25 janvier 2012

Légion étrangère. Un ancien de Bir Hakeim pour porter la main du capitaine Danjou


En cette année marquant le 70ème anniversaire de la bataille de Bir-Hakeim (Libye), c’est  Hubert Germain qui devrait porter la main du capitaine Danjou, lors des cérémonies commémorant Camerone, le 30 avril prochain à Aubagne.
Cet ancien officier de la 13ème DBLE -« c’est la Légion qui m’a permis de me révéler à moi-même » aime-t-il à dire- est l’un des 30 Compagnons de la Libération encore en vie (la 13 est d’une des 17 unités de l'armée française titulaires de la croix de la Libération).
Fils d’un officier général, Hubert Germain parvient, le 24 juin 1940, avec trois camarades à embarquer à Saint-Jean-de-Luz à bord de l’Arrandora Star, qui appareille pour la Grande-Bretagne. En 1941, il est affecté à l’état-major du général Legentilhomme, commandant en Palestine la 1ère Division légère française libre (DFL), destinée à intervenir au Levant.
Après la campagne de Syrie à laquelle il participe, il est envoyé comme élève à l’école d’officiers de Damas en septembre 1941. Aspirant, il est affecté au 2e Bureau de l'état-major de la 1ère Brigade française libre du général Koenig. En février 1942, il rejoint les rangs de la  13e demi-brigade de Légion étrangère et prend part à la campagne de Libye. Chef de section antichars, il se distingue dans les combats de Bir-Hakeim et est cité à l’ordre de l’armée. Promu sous-lieutenant en septembre 1942, il est des combats de l'Himeimat (El Alamein) en Egypte puis en Tunisie jusqu’en mai 1943. Blessé à Pontecorvo (Italie), le 24 mai 1944, il est évacué à Naples. H. Germain est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle fin juin puis participe au débarquement de Provence (août 1944), puis à la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon. Il prend part enfin aux campagnes des Vosges, d'Alsace et termine la guerre dans le sud des Alpes, au massif de l'Authion. Appelé comme aide de camp auprès du général Koenig commandant les forces françaises d’occupation en Allemagne, le lieutenant Hubert Germain est démobilisé en 1946.
Chargé de mission au cabinet de Pierre Messmer, ministre des armées, de 1960 à 1962 (puis, de nouveau, en 1967 et 1968), il sera député de Paris en 1962, réélu en 1968 puis en mars 1973. De 1972 à 1974, Hubert Germain est ministre des PTT puis ministre chargé des relations avec le Parlement (mars-mai 1974).


mardi 24 janvier 2012

Gilles Jacquier

France Télévisions a proposé un contrat à durée indéterminé de journaliste à Caroline Poiron, compagne de Gilles Jacquier, grand reporteur de France 2,  tué le 11 janvier dernier à Homs en Syrie. La jeune femme, photographe, se trouvait à quelques dizaines de mètres de lui, lorsqu'il a été victime d'un tir d'obus.
Aujourd'hui, en fin de matinée, le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, lors de sa présentation des voeux à la presse diplomatique a, une nouvelle fois, demandé que "les responsabilités soient établies à travers une enquête indépendante, impartiale et transparente, pour la mémoire de Gilles Jacquier comme pour l'ensemble de (la) profession",

Rapport Glavany. L’eau de la discorde entre Israéliens et Palestiniens


Il avait été remis en décembre dernier, enregistré le 13 par les services de l’Assemblée nationale et mis en ligne le 23. Ce qui fait que ce rapport sur la géopolitique de l’eau est passé inaperçu, fêtes de Noel et de la nouvelle année, obligent. Même les politiques de l’ambassade d’Israël à Paris ont oublié sa sortie. C’est le quotidien israélien Haaretz (gauche) qui, la semaine dernière, a publié les principaux extraits concernant le Moyen-Orient. La polémique s’est aussitôt engagée. Le rapporteur de la mission (11 députés), précise,que dans la région, la situation de l’eau est « révélatrice d’un nouvel apartheid ». Le rapporteur, c’est Jean Glavany, député socialiste des Hautes-Pyrénées, ancien ministre de l’agriculture (1998-2002) et le président, Lionnel LUCA (UMP, Alpes-Maritimes). Voici des extraits du texte où apparaît donc ce mot « apartheid » qui a fait bondir les Israéliens :
 L'eau, révélatrice d'un nouvel apartheid au Moyen Orient
Mise en place en 1948 par le premier ministre F. Malan, l'apartheid a vu le développement différencié des groupes ethniques en Afrique du Sud pendant un demi siècle (...) Bien sûr, comparaison n'est pas forcément raison : la Palestine n'est pas l'Afrique du Sud, et les années 2010 ne sont pas celles d'avant 1990. Pourtant, il est des mots et des symboles qui par leur force peuvent avoir une vertu pédagogique. Or, tout démontre, même si bien peu nombreux sont ceux qui osent employer le mot, que le Moyen-Orient est le théâtre d’un nouvel apartheid. La ségrégation y est raciale mais comme on n’ose pas le dire, on dira pudiquement « religieuse ». Pourtant, la revendication d’un état « Juif » ne serait-elle que religieuse ? La ségrégation est spatiale également : le mur élevé pour séparer les deux communautés en est le meilleur symbole. La division de la Cisjordanie en trois zones, A, B et C en est une autre illustration (…) La ségrégation est aussi hautaine et méprisante (« ces gens-là ne sont pas responsables »…répètent à l'envie certains responsables israéliens), vexatrice et humiliante (les passages aux check point sont restreints ou relâchés sans prévenir) voire violentes (la répression des manifestations fait régulièrement des morts…). C’est donc bien d’un « nouvel apartheid » qu’il s’agit.
Et dans cette situation, l'eau est ainsi un élément particulier du conflit entre Palestiniens et Israéliens, au point qu’elle constitue le « 5ème volet » des accords d'Oslo. La Déclaration d’Oslo du 13 septembre 1993 reconnaît les droits des Palestiniens sur l’eau en Cisjordanie. L’accord intérimaire de Taba du 28 septembre 1995 prévoit un partage des eaux jusqu’à la signature d’un accord permanent. Mais ce partage est incomplet : il ne porte que sur les aquifères ; le Jourdain en est exclu, les Palestiniens n’y ayant plus accès. Ensuite il gèle les utilisations antérieures et ne répartit que la quantité d’eau encore disponible, c’est dire 78 mètres cubes de l’aquifère oriental. Il est donc très défavorable aux Palestiniens qui n’exploitent que 18 % des aquifères ; soit 10 % de l’eau disponible sur le territoire. C’est pourquoi sans règlement politique global, on voit mal comment ce qui est devenu un véritable "conflit de l'eau" pourrait trouver une solution. Quelles sont donc les caractéristiques de ce « conflit de l'eau » ? Du point de vue « hydrique », il concerne avant tout le fleuve Jourdain, où sont réunis tous les éléments prompts à déclencher une « crise de l'eau » : depuis le début du conflit, guerre après guerre, les « extensions territoriales » d'Israël, qu'on le veuille ou non, s’apparentent à des « conquêtes de l'eau », que ce soit des fleuves ou bien des aquifères. Or, l'eau est devenue au Moyen-Orient bien plus qu'une ressource : c'est une arme.
Pour comprendre la nature de cette « arme » au service de ce « nouvel apartheid », il faut savoir, par exemple, que les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau que 2,3 millions de Palestiniens.Sachons aussi entre autres multiples exemples que :
- la priorité est donnée aux colons en cas de sécheresse en infraction au droit international ;
- le mur construit permet le contrôle de l’accès aux eaux souterraines et empêche les prélèvements palestiniens dans la « zone tampon » pour faciliter l’écoulement vers l’ouest ;
- les « puits » forés spontanément par les Palestiniens en Cisjordanie sont systématiquement détruits par l’armée israélienne ;
Le ministère israélien des affaires étrangères se dit « indigné ». « Le rapport est chargé d’une terminologie venimeuse (…) » a précisé un porte-parole. « Au lieu de contribuer à l’entente et à la coopération (entre Israël et les Palestiniens), il attise les tensions en accumulant des données fausses et affirmations biaisées ».
Un dossier qui sera vraisemblablement abordé à Marseille lors du 6ème forum mondial de l’eau. Mais ce contentieux majeur semble à des années lumière de trouver une solution équilibrée. 

lundi 23 janvier 2012

Notre job


Depuis 2001, dix légionnaires sont morts en Afghanistan. J’avais évoqué le 11 novembre dernier, sur ce blog, le destin légionnaire, Légion étrangère, mourir pour la France ou les soldats méconnus. Une nouvelle fois, ce 20 janvier, le 2ème REG a été décimé. Au printemps dernier, ce régiment (comme l’ensemble des unités Légion) avait fêté Camerone sur le thème du sang versé. Un choix « pertinent », tant cette année a été meurtrière. 
Ces hommes qui partent rejoindre l'Afghanistan bénéficient d'une préparation spécifique de plusieurs mois. Ils connaissent alors enjeux et risques. « Car »comme le rappelait, récemment, le général Poncet, ex-responsable du Commandement des opérations spéciales (COS), « les temps ne sont plus où l’on peut faire accepter le sacrifice suprême par le combattant en invoquant la terre charnelle de Péguy. Aussi, il peut être judicieux de se tourner vers Alfred de Vigny et son Gladiateur, « l’homme soldé » qui exécute ce qu’un César, un pouvoir, un gouvernement lui commande, le suivant, voire le même, pouvant lui demander son contraire un peu plus tard. Ave Caesar, morituri te salutant (Salut César, ceux qui vont mourir te saluent). La seule règle qui vaille pour une armée professionnelle, règle que la Légion étrangère a parfaitement intégré dans sa devise, c’est pour elle que vous mourrez » (Cité par Jean-Dominique Merchet sur son blog, Secret défense, le 24/4/2010).
Chaque légionnaire, (chaque homme, chaque femme de la « Régulière ») réfléchira au sens de cette mission, alors qu’il peut être amené, à tout moment, à offrir le prix de son existence ! Cette question, tous se la poseront ensuite à Kaboul ou en Kapisa …Avec une répartie quasi-invariable « Oui, mais c’est notre job, nous l’avons choisi ! ».


dimanche 22 janvier 2012

Sémantique afghane


Longtemps, la France a refusé d’employer le mot guerre pour l’Afghanistan. Pourtant dans l’exigence des façons de nommer, avons-nous le choix ? Le politiquement correct consiste à utiliser des subtilités techniciennes : « opération extérieure » ou « engagement opérationnel ». Ces expressions permettent ainsi de ménager l’opinion publique ! Pour ne pas effrayer, le politique au langage aseptisé, consent-il à employer un enchaînement rassembleur : « guerre contre le terrorisme ». Le militaire, celui qui va sur le terrain, fait son métier ; il est un guerrier.
Dans le défilé des mots, « guerre » précède « mort ». Ce dernier est tabou. Nos adversaires en Afghanistan, n’ont aucun scrupule. Ils savent maîtriser et la guerre sur le terrain et la guerre des mots.

vendredi 20 janvier 2012

Syrie, la circulation des armes



La Russie ne laisse pas tomber son allié. Selon des sources à Moscou, l’agence d'exportation d'armements Rosoboronexport aurait  livré via la société Balchart, une cinquantaine de tonnes d’équipements militaires à la mi-janvier, à la Syrie. Battant pavillon de Saint-Vincent-et-les-Grenadines (Caraïbes), le navire aurait débarqué sa livraison dans le port de Tartous. Opération qu'à confirmé, a demi-mots, le ministre des affaires étrangères russes Sergueï Lavrov, qui estime que la Russie n'avait pas à s'expliquer sur la livraison récente à la Syrie d’une « cargaison dangereuse », dans la mesure où Moscou ne viole pas les lois internationales.
Selon les services de renseignements occidentaux, Damas aurait, de son côté, fourni au Hezbollah de nouveaux missiles sol-air de longue portée. Ces missiles peuvent atteindre une cible à 300 km, indique le Jerusalem Post. Toujours selon le quotidien, l’armée israélienne pense que le Hezbollah pourrait posséder des SA-8, système russe de missiles de défense aérienne dont la portée est estimée à une trentaine de kilomètres.
Le parti chiite aurait également reçu, une nouvelle fois plusieurs dizaines de missiles de longue portée M600, fabriqués en Syrie sur le modèle du Fateh-110 iranien. Sa portée est de 300 kilomètres et il peut transporter une ogive d’une demi-tonne.






Afghanistan/France

Quatre soldats français ont été tués, ce matin, en Afghanistan par un militaire en uniforme de l'armée nationale afghane (ANA). Ils appartenaient, pour trois d'entre eux au 93ème régiment d'artillerie de montagne (Varces)  ;  le dernier, légionnaire, était un sous-officier du 2ème régiment étranger de génie (Saint-Christol). Seize militaires auraient été blessés, dont la moitié grièvement. Ces hommes participaient à un entrainement physique sur la base de Gwan. Ils n'étaient donc pas armés et ne portaient pas de gilet pare-balles. Le tireur a été arrêté. 82 militaires français ont été tués dans ce pays depuis 2001.
Première décision de Paris : la suspension des opérations de formation et d'aide au combat de l'armée afghane. C'est ce qu'a annoncé en fin de matinée  le président de la République qui a décidé d'envoyer le ministre de la défense et le chef d'état-major des armées en Afghanistan. Plus que jamais se pose la question d'une anticipation du retrait des troupes françaises alors que le président KarzaÏ doit venir à Paris vendredi prochain, afin d'y signer un traité d'amitié.

jeudi 19 janvier 2012

L'avenir syrien


Le pouvoir syrien est enfermé dans le déni. Tombera-t-il pour autant ? Difficile à prévoir, même si, ces dernières heures, le leader des druzes libanais, Walid Joumblatt, le pronostiquait.
Les printemps arabes ne sont pas reproductibles à l’infini, bien que l’onde de choc soit considérable. A l’aune de cette récente expérience, et même si personne dans les chancelleries ne se hasarde à le formuler ainsi, la percée des partis islamistes en Tunisie et en Egypte, la déstabilisation du Yémen incitent les gouvernements occidentaux à une prudente réflexion. Qui pour succéder à un Bachar-el-Assad qui compte toujours des soutiens sur la scène internationale ? Les ennemis de mes ennemis ne sont-ils pas mes amis ?
La situation régionale fait du gouvernement israélien l’un des plus réticents aux changements, bien que le déchirement des pays arabes sur le sujet, réjouisse. Mais par dessus tout, Tel-Aviv craint l’aventurisme à ses frontières. C’est pour cette raison qu’Israël reste partisan d’un statut-quo. Raisonnement qui repose, en particulier, sur les importants stocks de munitions détenus par Damas. Où ces armes iraient-elles ? Seraient-elles transférées, dans les derniers instants du régime Al-Assad, au Hezbollah libanais ? A d’autres factions proches du pouvoir syrien ? En Iran ? Tomberaient-elles dans les mains d’une opposition hétérogène ? Et ensuite ? Le scénario libyen interpelle bien des gouvernements arabes et occidentaux. Dont beaucoup penchent pour l'envoi, (par le conseil de sécurité) de l'ONU, d'une force internationale, idée que pourrait vendre Moscou à son allié syrien.
Dernier élément, non négligeable. La campagne électorale française puis celle à venir aux Etats-Unis recentrent les préoccupations des politiques de ces pays sur leur propre avenir. Bachar-el-Assad le sait. Pour lui, la crise financière tombe également "à pic". La Syrie ne devrait pas constituer un enjeu électoral durant ces prochaines semaines. La Syrie risque donc de redevenir lointaine, « cet Orient compliqué », cher au général de Gaulle. Reste une réalité, la matérialité du terrain. Cinq mille opposants, des gens courageux, sont morts en Syrie. 

mercredi 18 janvier 2012

Oeil pour oeil


C’était un excellent travail journalistique, présenté par un professionnel estimé, Etienne Leenhardt. Mais en octobre 2011, de très nombreuses réactions négatives avaient, étonnamment, suivi la diffusion d’un Œil sur la planète sur France 2, qui posait la question suivante : « Un Etat palestinien est-il encore possible ? ». L’ambassadeur d’Israel à Paris et le président du Conseil représentatif des institutions juives de France ayant, en effet, organisé la « riposte ». Ce dernier, Richard Prasquier, qui est rarement dans la nuance, avait estimé que l'équipe de l’émission « a présenté, d'un conflit complexe, une image caricaturale et unilatérale »(…) « en distordant les causalités, en ridiculisant l'adversaire, sans éviter les insinuations à la limite des théories antisémites ».
De son côté, le rédacteur en chef de ce programme, Patrick Boitet, expliquait ces réactions démesurées par ce phénomène bien connu des journalistes qui « couvrent » le Proche-Orient : « (Sur ces sujets) les opinions s'enflamment facilement. Mais là, c'est exagéré ! ». Racontant avoir reçu 800 mails dans la semaine ayant suivi la diffusion, « où nous sommes traités de petits nazillons » dont certains contenaient menaces et insultes. Charles Enderlin, correspondant de la chaîne à Jérusalem, réagissait lui, en publiant sur son blog un article intitulé « Bonjour les censeurs ».
Hier, le Conseil de l’audiovisuel (CSA) saisi par plusieurs organisations et
associations, a estimé que le travail des équipes du magazine de France 2 respectait « la diversité des points de vue » avec « un propos non entaché de partialité », et qu’il était « respectueux des règles déontologiques », rejetant ainsi les accusations de partialité. Nous n’en attendions pas moins !




mardi 17 janvier 2012

Who ? Obama bin Laden !


Le blog canadien Regret the Error qui s’est fait une spécialité en traquant les coquilles et autres inexactitudes journalistiques dans les medias anglophones, vient de désigner les meilleures « chutes » 2011. Le faux pas de l'année, apparu sur un site de la NPR, la radio publique américaine, comme dans le South China Morning Post, parlait d'Obama bin Laden.
Autre "nomination", rapportée par le quotidien Le Devoir de Montréal. « L'annonce erronée de la mort de la représentante de l'Arizona, Gabrielle Giffords, est désignée pire gaffe journalistique de l'année aux États-Unis. Mme Giffords a été grièvement blessée dans la fusillade de Tucson en janvier 2011. Elle a été déclarée morte sur des fils twittter de certains dont la National Public Radio (NPR) ». Elle a survécu, par miracle.
On trouve également sur le site cette information que j’apparente au journalisme de divination. En effet, le Irish mail on Sunday, annonce, en décembre dernier, la découverte du corps d’un étudiant disparu, quarante huit heures avant qu’il ne le soit…
A quand un tel palmarès annuel en France ? Les journalistes (mes confrères) apprécieraient-ils que quelqu’un pointe leurs erreurs ? Je le pense, pour la majorité mais, je vous laisse apporter une réponse…
Finalement,  je vous en offre une, typiquement journalistique : Errare humanum est, perseverare diabolicum...L’erreur est humaine (se tromper est humain) ; persévérer est diabolique !
L’honneur est sauf !


lundi 16 janvier 2012

Marie-Antoinette en Syrie





C’était en décembre 2010. Paris-Match publiait une photo du couple Assad, hilare. « Le président syrien et sa femme se sont offerts une escapade amoureuse dans la plus romantique des capitales » précisait l’hebdomadaire, en marge de la visite officielle qu’effectuait le chef d’état à Paris. Les formules les plus flatteuses étaient alors employées, de par le monde, pour qualifier la très belle jeune femme : « Lumière dans un pays plein de zones d’ombre » pour certains, « rose du désert » ou « Carla Bruni de Syrie » pour d’autres. Celle-ci offrait une image alternative du pays, apparaissant comme un vecteur de communication fort utile au régime. Un mirage, pour les opposants.
Elevée à Londres par des parents amis du père de son futur mari, Hafez-el-Assad qui régna sur la Syrie trente ans, de 1970 à 2000, Asma Asma-al-Akhras est diplômée en informatique et en littérature française du King’s College où elle a vécu les vingt premières années de sa vie. C’est dans le secteur bancaire qu’elle débute sa vie professionnelle. Elle se frotte aux hedge funds à la Deutsche Bank, puis aux fusions et acquisitions à la banque JP Morgan à Londres et à New York, et compte poursuivre des études à Harvard quand elle rencontre Bachar-el-Assad, qu’elle épouse en 2000. Un mariage compliqué car dans la famille, alaouite, certains s’opposent à l’arrivée de cette sunnite.
Dans les dix premières années de cette union, son engagement social apporta un peu d’espoir de modernité à beaucoup de Syriens. Depuis le soulèvement, en revanche elle n'a fait preuve que de silence et de froideur. Aujourd’hui, « la première dame » glamour mais qui sait parfaitement être distante, est qualifiée par beaucoup d’observateurs et d’internautes, de « Marie-Antoinette de Damas ». Mais aurait-elle voulu manifester de la compassion, les durs du régime l’auraient-ils laissé faire ?
L’année dernière, le quotidien britannique The Indépendant évoquait cet autre visage d’Asma-el-Assad alors que fin septembre, elle avait invité un groupe d’humanitaires pour discuter de sécurité. Pendant l’entretien, Asma El-Assad s’est trouvée devant des témoins directs des violences commises par le régime de son mari. Pourtant, selon un bénévole qui faisait partie du groupe, cette femme  (...) mère de trois enfants a semblé totalement indifférente en apprenant le sort réservé aux manifestants. 
Mercredi, elle était souriante aux côtés de son mari lors d’une manifestation de soutien à Damas. En 2009, sur la chaine américaine d’informations CNN, Mme Assad évoquait les souffrances des enfants de Gaza, dévastée par une offensive israélienne. « C’est le XXIe siècle, dans quelle partie du monde ces choses arrivent-elles encore ? ». Cette déclaration qui n’a rien perdu de son actualité s'applique, in extenso en janvier 2012, à la Syrie du clan. 

samedi 14 janvier 2012

L'actualité d'un vendredi 13


La France perd son triple A pour un AA+. La Syrie elle, conserve le triple A du cynisme.
Le Secrétaire général de l’ONU est au Liban. Comme le précise, avec délice, un confrère beyroutin, « A défaut du mouvement, l’illusion du mouvement ».
Israéliens et Palestiniens se revoient aujourd’hui à Amman. Pour se dire quoi de nouveau ?
Une manifestation de chiites a été dispersée à Bahrein. En Egypte et en Tunisie, l’islam politique sans pétrole est en train de se mettre en place. Dans ce dernier pays, le président de la République demande du temps pour régler « un tsunami de problèmes ».Les raz de marée deviennent habituels dans ces deux pays et nous allons certainement le constater en 2012.
La bataille militaire dans les forêts de Tchétchénie se poursuit. La Russie ne perdra pas non plus son triple A « démocratique ». Européens et Américains ont d’autres chats à fouetter et d’autres élections à préparer. Vladimir P. n'est d'ailleurs pas un instant inquiet. Seule contrariété, celle de voir de plus en plus de manifestants dans la rue. Mais cette opposition plurielle ne propose pas de leader.
La sarkozye des Hauts de Seine se lézarde à quelques mois des législatives. La députée UMP sortante de Neuilly-Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, (qui était la suppléante de Nicolas Sarkozy) ne souhaite pas se représenter. La maire de Puteaux craint, en effet, une défaite face au divers droite Jean-Christophe Fromantin, premier magistrat de Neuilly-sur-Seine. Le charisme de Nicolas vacille, une nouvelle fois, dans son ancien fief
Enfin, le Paris Saint-Germain patine dans son recrutement de milliardaires du football alors que la France réelle devrait vivre une période où elle va devoir fournir de gros efforts. Quelle image le club devra-t-il adopter ? Poursuivre dans cette voie de recrutement de stars présumées ? Mais j’oubliais que le football est l’opium du peuple.

lundi 9 janvier 2012

Frontière syro-turque


Les alaouites d’Anatolie, d’Antioche (Antakya) sont très réticents à l’idée de voir le gouvernement turc entreprendre la moindre action contre Damas. Ainsi que les chrétiens. Il semble que la crise syrienne ait crée un nouveau front dans la politique turque entre Arabes, Kurdes et Turcs, entre alaouites, chrétiens et sunnites.
Par ailleurs, le gel par la Turquie de l’accord de libre-échange avec son voisin aurait occasionné de lourdes pertes pour l’économie syrienne estimées à 3,3 milliards de dollars pour les trois derniers mois de l’année 2011.

samedi 7 janvier 2012

La mer nourricière


Le dossier Sea France produit, ces derniers jours, un effet catharsis. Permettant à beaucoup, dans un dernier sursaut, de balayer le passé alors que la situation de l’entreprise est désespérée. Que nous apprend cette purgation des passions ?  L’omnipotence d’un syndicat, en l’occurrence la CFDT - qualifiée de "secte mafieuse" par le délégué CGT- ses pratiques musclées, l’omerta qu’elle semble avoir fait régner, sa gestion très opaque du comité d’entreprise, des promotions "rapides" pour ses représentants. Qui sont ses deux principaux dirigeants locaux ? Des syndicalistes certes, montrés comme des potentats, des hommes de pouvoir mais aussi d’affaires ? Didier Cappelle, son leader, sévèrement critiqué par sa confédération, crie à la "calomnie". Même son de cloche de la part d’Eric Vercoutre, secrétaire (CFDT) du CE.
Un élément me semble essentiel d’être souligné mais qui est loin de constituer une découverte. Dans le périmètre, tout le monde s'en satisfaisait. En premier lieu la SNCF. La traditionnelle et sacro-sainte loi du silence. La gouvernance en co-responsabilité, l’essentiel étant de maintenir la paix sociale ! Un jeu d’ombre et de lumière d’un classicisme effectivement absolu. Ou la surenchère est généralement monnaie courante mais encore plus de mise à quelques mois d’échéances politiques. Rien que de très classique, finalement, mais lourde de sens quant au fonctionnement de notre société.
Je terminerai ce billet par une note plus inattendue. Ce samedi après-midi, l’équipe de football de Nice (ligue 1) affronte en 32ème de la coupe de France, les amateurs de Marck (CFA2). Club dont le président est Didier Cappelle et l’entraineur Eric Vercoutre…