samedi 31 décembre 2011

2012 au Liban


« On rappelle que la Syrie avait (…) saisi la balle au bond pour coller aux Libanais la paternité du Salon de l’auto piégée qui venait d’ouvrir ses portes à Damas ». L’éditorialiste du quotidien francophone libanais L’Orient Le Jour utilise, en cette fin d’année, l’ironie pour conjurer ses craintes après les déclarations du gouvernement de Bachar-el-Assad, qui ont suivi les attentats à la voiture piégée commis dans la capitale syrienne (contre des bâtiments officiels). Damas voulant y voir la signature d’Al Qaida, dont des éléments se seraient introduits par le Liban. Pure spéculation mais qui a entrainé une réplique de l’armée syrienne qui a tué trois jeunes Libanais, cette semaine, dans un village du nord du pays où elle avait pénétré après avoir franchi la frontière…que les Syriens ne reconnaissent pas.
L’humour sert souvent de paravent à l’inquiétude. Il y a des décennies que les Libanais vivent avec celle-ci et avec la division de leur classe politique. Si le ministre de la défense annonce détenir des informations sur la présence terroriste, sa déclaration a été aussitôt démentie, de manière cinglante, par le Premier ministre. Si bien que « la cacophonie a atteint un degré inédit » au sein de l’exécutif, note le quotidien francophone. Ce qui fait les affaires de Damas qui possède toujours chez son voisin de puissants relais.
La tâche du chef du gouvernement, Nagib Mikati pour 2012, s’annonce compliquée. Il doit à la fois tenter d’éviter les répercussions de la crise syrienne dans un Liban incandescent, maintenir la stabilité au Liban Sud (frontière avec Israel) et poursuivre l’action du Tribunal spécial pour le Liban (assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en 2005).
Autant dire une année où l’humour risque de ne pas trouver sa place !


Bonne année 2012 à tous.

jeudi 29 décembre 2011

Deux légionnaires du 2ème REG tués


Tous les officiers français qui se succèdent  en Afghanistan mettent en garde leurs hommes sur les « failles potentielles » de l’Armée nationale afghane (ANA). Alors que la nouvelle de la mort de deux légionnaires du 2ème REG vient d’être annoncée, résonne en moi ce briefing du numéro deux du 2ème REP en 2010, alors que je partageais pour quelques jours le quotidien du régiment. Il attirait alors leur attention sur une attaque possible contre Torah, camp dans lequel on croisait parfois des hommes de l’ANA.
-          Rappelez aux hommes que l’ANA est équipée de M16 et les insurgés, eux, de kalachnikovs. Au cas où des insurgés déguisés voudraient faire péter le bouchon…Donc méfiance, avec souplesse, de nos alliés.



mercredi 28 décembre 2011

Monaco, le football et l'oligarque


La décision est hardie ! Venant du Palais monégasque, elle ne peut qu’interpeller. Le prince, vient en effet d’autoriser un oligarque russe, Dimitri Rybolovlev, à acquérir 66,7% du capital du l’AS Monaco, qui se débat dans les profondeurs du championnat de France de ligue 2 de football (le club de la principauté y est bon dernier). La Société des bains de mer (SBM) qui longtemps fut un des mécènes de l’équipe, n’est plus en état. Le sort en est jeté et comme César, Albert Grimaldi a franchi son Rubicon.
Le profil  du nouveau propriétaire est donc celui d’un  homme qui a très rapidement construit sa fortune dans ces années Elstine, marquées par les bouleversements post-soviétiques. Lui l’a fait dans le secteur des engrais minéraux. Ce qui fait aujourd’hui de ce fils de médecin, selon le classement du magazine américain Forbes, la 93ème fortune mondiale. Dépeint comme un homme discret, il affiche toutefois des goûts ostentatoires, comme cette villa achetée en Suisse,  inspirée, raconte le quotidien L’Equipe (26/12/2011), « du Petit Trianon de Versailles ». M. Rybolovlev possède également  une maison aux USA (75 millions d’€), un yacht, un Airbus 319, un Falcon…Alors que son père s’offrait, ces derniers jours, un club de football, sa fille aînée devenait propriétaire d’un appartement de 630 mètres carrés, à New York, face à Central Park. « Appartement le plus cher de New York », selon le quotidien sportif français.
Il y a deux types d’oligarques russes. Ceux qui vivent au pays, ceux qui pour des raisons de sécurité préfèrent résider à l’étranger. Le choix est souvent déterminé par le degré d’allégeance au Kremlin. On peut estimer que ce milliardaire s’accommode d’un entre-deux. Ayant su négocier un «  arrangement » avec le pouvoir russe via des actions cédées à un « poutinien », sénateur et « homme d’affaires » qui possède la club de football de l’Anji Makhatchkala au Daguestan (qui a recruté cet été le prestigieux attaquant Samuel Eto’o à l’Inter de Milan, pour un salaire annuel de 20 millions d’€. Précisons que dans cette république instable, le salaire moyen est de 238 € mensuels).
Le profil d’un oligarque comporte souvent des zones d’ombre. Fin 1996, Dimitri Rybolovlev a connu la prison, suspecté d’avoir tué le directeur général d’une entreprise de chimie, avant d’être blanchi. Aujourd’hui, il pourrait investir 100 millions  € dans les quatre prochaines années dans son nouveau club.

dimanche 25 décembre 2011

Propos tchécoslovaques


La disparition de Vaclav Havel m'a ramené vers un passé proche, une génération, mais finalement si lointain...


C'était en décembre 1989. L’homme monta sur l’estrade, s’avança lentement et enleva son chapeau, en signe de respect pour saluer la foule qui se trouvait sur la place du Forum. Il était environ 17 heures, il faisait froid, mais la neige avait cessé de tomber. De tous les côtés, des applaudissements retentirent. Certains enlevèrent même leurs gants pour manifester leur engouement. Après plusieurs autres intervenants, il prit quelques minutes la parole. Bratislava lui fit un triomphe. Alexandre Dubcek sortait de sa résidence surveillée. Premier secrétaire du Comité central du parti communiste de Tchécoslovaquie de janvier 1968 à avril 1969, il incarnait « le communisme à visage humain ».
Arrêté lors de l’entrée des chars russes, le 21 août 1968, il est conduit à Moscou pour y signer des accords de « normalisation». Démissionné en avril suivant, il est nommé ambassadeur en Turquie où il refuse de faire son autocritique. Exclu du PC, interdit de toute activité politique, étroitement surveillé, il est alors employé, à un poste subalterne dans l’administration forestière.
Un véhicule de police stationne en permanence, encore à la fin de cette année 1989, devant sa résidence des hauteurs de la ville pour y surveiller ses faits et gestes. La routine d’un régime qui allait s’affaler. C’était donc la première apparition publique de Dubcek depuis vingt ans. Le lendemain, à 6 heures, il prit l’autobus pour Prague afin de rencontrer le poète Vaclav Havel, leader de la Révolution de velours. Le mur de Berlin venait de tomber quelques jours plus tôt.
J’ai gardé d’un deuxième séjour en Tchécoslovaquie effectué quelques jours plus tard, des images plus dramatiques. Un accident de voiture en début de nuit, dans les environs de Prague, quelques heures passées par le cameraman Nicolas Moscara aux urgences d’un hôpital de la capitale, un diagnostic établi en latin par l’interne à destination de ses confrères parisiens, un retour à l’hôtel, une visite à 3 heures du matin de la police, suivi d’un long interrogatoire dans des locaux ombreux par deux hommes en civil face auxquels l’interprète était terrifiée, une déposition dans laquelle, étant responsable de l’accident (où seuls Nicolas et moi avions été blessés), je reconnaissais, pour clore cette « sinistre satire », avoir « causé du tort à des citoyens tchécoslovaques». Ce qui sembla satisfaire ces deux fonctionnaires qui nous relâchèrent à 7 heures. Avant notre accident, depuis Vienne où nous avions loué ce véhicule, nous avions eu le temps de réfléchir au premier reportage que nous tournerions à Prague. J’avais proposé d’aller à la recherche de la tombe de Jan Palach, ce jeune étudiant de vingt ans qui s’était immolé par le feu, le 16 janvier 1969, pour protester contre l’invasion de son pays par les troupes du pacte de Varsovie. Le régime avait-il exilé sa dépouille dans une lointaine banlieue ou, au contraire, sa tombe était-elle fleurie régulièrement ? Était-il un symbole pour la résistance anticommuniste ? Je n’ai eu la réponse à mes questions que bien plus tard, lors d’un voyage entrepris au début des années 2000. Quasiment aucun des jeunes gens rencontrés, nés après 1968, ne connaissait ce nom. J’ai eu beaucoup de mal à retrouver cette sépulture. Uniquement grâce à des personnes « âgées ». Sempiternel constat : la jeune génération ne connaît pas l’histoire de son propre pays. Sacrée gêne ! Ces années cruelles appartiennent à un autre passé. Que signifie pour elle le sacrifice d’une jeune vie ?

mardi 20 décembre 2011

L'honneur en action

« La Légion d’honneur est une distinction prestigieuse qui témoigne du réel mérite de ceux qui la portent. Et comme notre décoration n’est pas une fin en soi, nous avons créé l’Honneur en action pour que chaque membre puisse s’engager pour des projets locaux, nationaux ou internationaux fondés sur la solidarité ». Ainsi s’exprime le général Gobilliard, président de la Société d’entraide des membres de la Légion d’honneur (SEMLH) lorsqu’il présente cette initiative, prise il y a deux ans.
Parmi les projets récompensés il y a quelques jours, par le jury de l’Honneur en action, citons celui de Bernadette Jardin, ancien proviseur du lycée Hélène Boucher à Paris.
Comment par la musique réduire les tensions entre deux collèges de Paris ? Il s’agit de deux établissements du 19ème arrondissement, Méliès et Michelet. "Par le biais d’un travail en commun autour d’une œuvre musicale (ATYS de Lully, cette année) nous voulons", explique B. Jardin, "leur apprendre à « vivre ensemble ». Encadrés par de jeunes professionnels et par Béatrice Jacobs, metteur en scène d’opéra, ils vont s’investir dans des ateliers de pratiques artistiques : guitare, saxophone, percussion, chant, danse, théâtre. Ce travail d’approche et de création se déroule sur l’année scolaire, en classe, à la pause déjeuner et le mercredi après-midi avec le plein accord des directions des collèges". 
En juin, ils présenteront leur création collective dans divers lieux : au Centquatre  - centre culturel de la ville de Paris- et à l’Opéra Comique, institutions partenaires ». Le budget est estimé à 10.000 €. La SEMLH apporte un chèque de 2500 €. B. Jardin est à la recherche de partenaires financiers et d’un bénévole.

samedi 17 décembre 2011

Le GIGN et Philippe Legorjus


Quel rapport Philippe Legorjus a-t-il gardé avec le GIGN, qu’il a quitté en 1989 ? Pendant de nombreuses années, les initiés rapportaient qu’il n’y était pas le bienvenu. Mon confrère David Martin a réalisé un portrait de l’ex-chef du groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (Les Nouvelles de Tahiti, 23 novembre 2011). Et aborde, bien entendu, la question.
De toutes les voix qui s’élèvent, hormis celle de Kassovitz et des acteurs kanak du film, il est frappant de constater qu’aucune ne vient le soutenir (ndlr : Legorjus). Il se dit ainsi qu’il n’est plus le bienvenu au GIGN. Qu’il n’est même plus invité aux cérémonies. L’intéressé dément avec force : “C’est complètement faux. Ce sont ceux qui parlent qui n’y vont jamais, ce sont de petites vengeances mesquines et personnelles. Appelez à Torcy (ndlr : siège du GIGN), vous verrez.” Aussitôt dit, aussitôt fait… Le capitaine en charge de la communication, depuis 21 ans au GIGN, ne prend pas de pincettes : “J’ai dû le voir deux ou trois fois maximum, et à chaque fois c’est parce qu’il avait besoin de quelque chose. Il n’est pas invité parce qu’il est l’anti chef du GIGN, il ne représente pas nos valeurs”….

Le temps

L'affaire dite d'Ouvéa, revenue ces dernières semaines dans l'actualité, a marqué les débuts de ma carrière journalistique. Ce retour m'a conduit à créer ce blog.
Lourde tâche, toutefois, que de l'alimenter régulièrement. Parallèlement, mes activités, mes voyages, mes projets se sont accrus. Je  n'interviens donc sur ce blog que ponctuellement.
Quant au film L'ordre et la morale, qui a suscité vos commentaires et les miens, ses piètres scores au box-office (148 090 spectateurs après 4 semaines d'exploitation) l'ont écarté de l'actualité.